Profiter d'un instant balnéaire loin de la côte deviendrait-il possible ? Depuis une vingtaine d'années, les plages urbaines se développent en France. Saint-Quentin (Aisne) est la première commune à avoir aménagé une grande étendue de sable dans un cadre urbain (1996). Mais c'est la naissance de Paris Plage en 2002 qui a accéléré le processus.
Aujourd'hui leur multiplication et leur succès de fréquentation ne se démentent pas. Mais comment imagine-t-on et vit-on ce désir balnéaire loin du littoral ? Comment les corps jouent-ils à être à la plage ? Comment se mettent-ils en scène individuellement et collectivement ? Comment ces lieux font-ils lien social ?
Bienvenu donc à Lille plage, Rouen-sur-Mer, ou encore la Courneuve plage. Les décors ne figurent aucune station balnéaire en particulier et toutes les plages en même temps. On y retrouve tous les symboles de la plage : cabines, palmiers, parasols, sable, eau, etc. La congestion des villes vient alors contraster avec l'imaginaire marin, et donnent parfois l'impression d'avoir un photomontage sous les yeux.
Véritables théâtres à ciel ouvert, ces plages urbaines semblent offrir à voir, aux pieds d'immeubles, une joyeuse chorégraphie individuelle et collective, estivale et citadine.
Enfin, l'environnement marin est un vecteur d'imaginaire très fort. Teintées d'une légère mélancolie, les images tentent de se soustraire à toute temporalité et à donner l'impression d'un hors temps. Surtout, avec leurs couleurs douces, elles révèlent toute la poésie, la beauté et l'insolite de ces endroits où, comme le résume l'anthropologue Emmanuelle Lallement, les gens sont collectivement invités à participer à une pirouette qui consiste à jouer à la plage sans la mer.
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